PSE-Des Experts Relèvent des Contraintes
PSE-Des Experts Relèvent des Contraintes
Le Centre d’Etudes pour le Financement du Développement Local (CEFDEL) se montre sceptique quant à la possibilité du PSE de porter le Sénégal sur la voie de croissance forte au vu de certaines contraintes congénitales. Même si l’espoir demeure.
Avec pour ambition de faire du Sénégal, un nouveau pays économiquement plus solide d’ici l’horizon 2035, le Plan Sénégal Emergent apparaît, au regard de la situation macroéconomique du pays et de ses performances économiques depuis 2000, comme un vœu pieux plus qu’autre chose. C’est ce qui semble ressortir du rapport du Centre d’Etudes pour Le Financement du Développement Local (CEFDEL) intitulé : Sénégal : Performances et Perspectives Macroéconomiques.
«Même si les ressources promises se matérialisaient dans le court terme, nous ne pensons pas que l’expansion des dépenses budgétaires créerait de la croissance là où cette même expansion n’a pas pu générer de la croissance durant les 10 dernières années. Le gouvernement espère impulser une augmentation des exportations à travers des interventions sectorielles directes dans l’économie et la redistribution de ressources pour soutenir la demande. Nous sommes sceptiques et nous nous attendons à ce que les bailleurs honorent leurs engagements de soutiens aux secteurs sociaux tout en prenant en compte les préoccupations de soutenabilité de la dette publique. Ceci, afin d’éviter que l’aide étrangère crée une situation d’endettement et de vulnérabilité extérieurs excessifs, comme par le passé. Il est très probable que les bailleurs ne voient dans le “Plan Sénégal Emergent” qu’un cadre budgétaire de performance et de dépenses à moyen terme classiques en soutien aux plans de dépenses des autorités. Ils vont en attendre les résultats avant de matérialiser des promesses plus importantes. Puisque l’accélération de la croissance ne viendra pas des dépenses budgétaires accrues, il est improbable que le soutien de bailleurs pour des dépenses budgétaires plus importantes se matérialise dans le moyen terme», lit-on dans ce rapport de 28 pages.
Pour le CEFDEL, l’objectif affiché par le gouvernement de porter la croissance à 6,7% en 2017 et à 2 chiffres vers 2020 n’est pas réaliste. Les leviers sur lesquels comptent s’appuyer les autorités pour impulser un coup d’accélérateur à la croissance ne sont pas susceptibles d’avoir de tels résultats. En effet, selon l’étude, la croissance demeurera faible dans un avenir proche et son accélération a peu de chance de provenir de la demande publique, puisque les autorités sénégalaises comptent progressivement réduire le déficit budgétaire pour préserver la soutenabilité de la dette. Pire encore, l’ajustement budgétaire semble avoir contribué à contenir la croissance. Les recettes (abstraction faite des réformes fiscales) ont été systématiquement plus faibles que prévues dans les budgets de la période 2013-2014. L’impact d’impulsions budgétaires négatives en pourcentage du PIB a dominé l’impact de la composition des dépenses budgétaires en faveur des investissements. Ce qui se traduit par des lois de finances rectificatives récurrentes en cohérence avec les objectifs d’ajustement budgétaire et les contreperformances de recettes fiscales. «Il serait, de ce fait, prudent de supposer que l’accélération de la croissance ne viendra pas de la demande publique sur la période 2014-2017», annonce le rapport.
Toutefois, le CEFDEL ne manque pas de proposer des issues de secours. «Nous pensons que le scénario central et de risque sont dictés par des contraintes de politique économique que le Sénégal s’est imposées. Si le Sénégal prenait son destin en main, il pourrait utiliser la politique budgétaire et monétaire pour soutenir ses ambitions de croissance. De ce point de vue, un régime de change plus flexible pourrait absorber les chocs extérieurs ainsi que les erreurs de politique intérieure à la place des réserves de change, des crédits non performants, des importations en pourcentage du PIB et des pertes de croissance. Dans ces conditions, l’utilisation par l’Etat de ses marges budgétaires et d’endettement pour soutenir des secteurs spécifiques aurait plus de chance de réussir dans le cadre du «Plan Sénégal Emergent», préconise le rapport.
Néanmoins, prévient le Centre d’Etudes pour Le Financement du Développement Local, réduire la taille et le champ d’action de l’Etat central permettra de responsabiliser davantage les populations et promouvoir l’initiative privée. En effet, le CEFDEL est pour la réduction du champ d’action directe de l’Etat central. Il a également proposé des solutions monétaires alternatives si une politique de change flexible (au Sénégal ou au niveau régional) avec la possibilité d’une dépréciation qui pourrait s’en suivre n’était pas politiquement faisable. Il s’agit d’une monnaie nationale complémentaire au FCFA qui resterait quant à lui inchangé.
Amayi Badji, Reporter Réussir Magazine
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