Conseil des Ministres de Saint-Louis : Promesses Difficiles à Tenir
L’idée d’un conseil des ministres décentralisé est un premier pas vers une décentralisation plus approfondie qui nous mènera, nous l’espérons, vers des cités-régions, provinces, ou pôles régionaux autonomisés avec des exécutifs locaux véritables dans une organisation institutionnelle de type fédéral. L’initiative du gouvernement est donc à saluer de notre point de vue.
Ceci étant dit, il est de notre responsabilité de conscientiser les populations sur l’incapacité de l’Etat central à résoudre leurs problèmes de façon significative dans un avenir proche à moins qu’il n’y ait une innovation majeure par rapport au statu quo. Ce message au terme d’un diagnostic véritable et d’un dialogue franc est à notre avis celui qui devrait ressortir du conseil des ministres qui se tiendra à Saint-Louis.
L’Etat central ne dispose pas de ressources suffisantes pour résoudre les problèmes des populations de la région de Saint-Louis fortement frappées par la pauvreté. Les partenaires financiers qui le soutenaient également, n’ont plus les ressources nécessaires pour financer le développement local. Dans l’état actuel de recul de l’économie locale, il faudrait nécessairement engager un dialogue avec les communautés de base sur leurs faibles capacités à payer les impôts locaux et sur les conséquences en termes d’insuffisance de ressources propres capables d’assurer un financement autonome de leur développement.
En effet, l’Etat central étant en phase d’ajustement de ses dépenses publiques, il revient aux populations de prendre leur destin en main. Elles doivent être capables de décliner une vision consensuelle visant à dynamiser « les économies locales » en partenariat avec le secteur privé. La question est donc de savoir comment y arriver en se fondant sur la vision des acteurs (élus, secteur privé, société civile), sur le partenariat et la disponibilité de ressources publiques locales. Cela sera possible grâce à un accès au crédit facilité capable de stimuler l’économie locale.
Ce travail de conscientisation et de dialogue franc que nous prônons a été mené par les militants de l’autonomie et de la liberté du MRLD de Saint-Louis, Thiès, et de Ziguinchor en 2011 dans le cadre de consultations citoyennes en collaboration avec les équipes municipales présentes. Face aux contraintes de financement ci-dessus énumérées, les populations de la ville de Saint-Louis savent que la facilitation de la mise en œuvre à grande échelle d’une monnaie locale complémentaire non concurrente au FCFA par l’Etat et les autorités monétaires est une nécessité. Comme c’est le cas dans plusieurs grands pays émergents à l’instar du Brésil, les autorités soutiennent la monnaie locale comme une solution appropriée aux problèmes de pauvreté pouvant faciliter l’accès au crédit au secteur privé, aux populations et aux municipalités. Elle permettra, au niveau local, de financer durablement les besoins en biens et services publics identifiés de manière participative. Les populations en quête d’autonomie et de liberté savent également que c’est là une voie à suivre pour une paix durable en Casamance.
Dr. Abdourahmane Sarr
Président du CEFDEL et du MRLD-Moom Sa Bopp/Mënël Sa Bopp