Diagnostic

Le Sénégal fait face à un défi de développement économique et social qu’il n’arrive pas à relever depuis son indépendance malgré une stabilité politique, des ressources humaines de qualité, et des institutions à la hauteur de son niveau de développement. Ses communautés de base sont confrontées à des besoins en biens et services publics prioritaires (eau, assainissement, éducation, santé, …) qu’elles n’arrivent pas à satisfaire. Les raisons principales sont l’absence de ressources budgétaires conséquentes provenant d’économies locales dynamiques et une participation insuffisante des populations à la gestion de leurs communautés. De plus, les communautés de base n’arrivent pas à satisfaire leurs besoins en biens et services privés à cause du chômage et du faible volume d’activités de leurs entreprises découlant d’un manque d’accès au crédit et de l’absence d’une demande (locale ou extérieure) suffisante pour leurs produits. La plupart des sénégalais vivent de l’autosubsistance à l’état primaire dans les zones rurales, ce qui fait que les ressources disponibles sont sous-utilisées et la productivité est faible. Il en résulte un coût de la vie non abordable, et une pauvreté qui encourage l’émigration, l’exode rural et une culture de la main tendue (vers autrui, vers l’Etat central et/ou à travers lui l’étranger) rendant inopérantes les valeurs de Moom Sa Bopp et de Mënël Sa Bopp et de prise de responsabilité individuelle et communautaire.

Dr. Abdourahmane SARR

Déficit d'autonomieLa croissance économique bien que positive demeure faible et en deçà des meilleures performances aussi bien en Afrique que dans le monde émergent. Ainsi, notre revenu par habitant est en croissance, mais nous n’arrivons pas à faire face au coût élevé de la vie déterminé à l’international avec lequel nous sommes en compétition. Bref, nos communautés de base ne sont pas dans une dynamique de développement et nous ne sommes pas sur une rampe d’émergence. Nous rattrapons notre déficit en infrastructure par un endettement extérieur accéléré non générateur de suffisamment de croissance et risquons de répéter l’histoire des plans d’ajustement structurel du fait d’un endettement extérieur excessif si nous ne prenons garde. Cet échec est dû non pas au manque de volonté de se développer mais à des facteurs aussi bien internes qu’externes parmi lesquels nous mentionnons deux qui nous semblent les plus importants et structurants.

Au plan externe, faisant fi des chocs exogènes qui affectent le monde entier, le régime monétaire du FCFA hérité de la colonisation ne nous a pas permis de faire usage de tous les outils nécessaires de gestion économique qu’il nous fallait pour organiser notre développement. Après des années de socialisme inefficace, ce choix monétaire en toute responsabilité de nos dirigeants, de politique extérieure quant au fond, nous avait obligé à opter pour l’austérité nécessaire des programmes d’ajustement structurel des années 80 et 90. Ces politiques avaient fini de détruire les fondements de notre processus de développement post indépendance du fait de nos propres choix. Cette erreur n’avait été corrigée qu’en 1994 ce qui a permis au régime socialiste de terminer un Septennat avec tous les signaux au vert. Tout au long de ces périodes, nous n’avons pas eu la pleine maîtrise de nos circuits financiers et la compréhension nécessaire de l’outil monétaire pour la promotion du développement de nos communautés de base. Il nous faut éviter de répéter l’histoire.

L'Etat de ProvidenceAu plan interne, que ce soit les socialistes ou les libéraux, l’idéologie qui a été à la base des actions de nos gouvernants jusqu’à aujourd’hui a toujours été d’essence socialiste ou socialisante, et donc du centralisme d’Etat et de l’Etat providence et moteur de développement plutôt que catalyseur de développement. La responsabilité du citoyen capable de satisfaire ses besoins privés et contribuant, dans sa communauté en toute responsabilité, à financer les besoins en biens et services publics (éducation, santé, assainissement, infrastructure de base, etc…) collectivement décidés par les citoyens eux-mêmes n’a jamais été à la base de l’action gouvernementale, régionale, ou municipale. N’ayant effectivement pas trouvé les voies et moyens de déclencher un processus endogène local de création de richesses, nos communautés de base se sont résignées à dépendre de l’Etat central, et ce dernier sur un nombre limité de contribuables du secteur formel et sur les bailleurs étrangers. Cette approche a fini d’ancrer chez les populations les valeurs de la main tendue, soit à l’Etat central ou à l’étranger, leur pauvreté les ayant convaincues que la solution à leurs problèmes ne se trouvait pas en eux.

La Participation CitoyenneDans le but de conscientiser les populations sur l’importance de la participation citoyenne, et faire en sorte qu’elles se rendent compte qu’elles n’attendent la satisfaction de leurs besoins que de l’Etat central ou de l’étranger, le Mouvement pour La Renaissance, la Liberté, et le Développement MRLD organise depuis Avril 2011 des rencontres citoyennes dans les grandes villes du Sénégal. Ces rencontres tenues à Dakar, Thiès, Saint-Louis, Ziguinchor, et Kaolack lors desquelles les citoyens ont évalué leurs besoins, fait l’évaluation de l’action municipale ou échangé sur les modes de financement des besoins exprimés, ont toutes permis d’aboutir à la même conclusion : Les citoyens et les élus ne croient pas avoir des possibilités locales de subvenir eux-mêmes à leurs besoins, le socialisme et l’Etat providence sont  les  seules issues possibles à leurs yeux bien que n’étant pas leur preference. Le MRLD leur a proposé des solutions d’autonomisation et de prise de responsabilité individuelle et collective à l’échelle communautaire y compris par le biais d’une institution de financement sous leur contrôle démocratique et solidaire, qu’ils ont acceptées.