L’indépendance est possible, prenez la
La fête de l’indépendance est une occasion qui nous est particulièrement chère en tant que militants de l’autonomie et de la liberté qui souhaitons que chaque sénégalais puisse satisfaire ses besoins sans tendre la main à autrui, à l’état, ou à travers lui l’étranger. C’est une occasion pour nous de rappeler qu’il nous faut prendre notre destin en main par la reconquête de notre économie. Cette reconquête passera par la maîtrise de notre système financier car aussi réducteur que cela puisse paraître, la solution aux problèmes que nous vivons en dépend.
Si les sénégalais savaient ce qu’il fallait faire pour régler leurs problèmes, ils auraient demandé que ce soit fait et nos dirigeants s’exécuteraient car notre démocratie est devenue majeure. Nous ne cesserons donc de partager avec vous ce que nous pensons que notre pays devrait faire. De notre point vue, il nous faut (i) décentraliser le Sénégal en régions véritablement autonomes (ii) y faciliter l’accès au crédit dans une monnaie compétitive et (iii) exploiter l’urbanisation, c’est-à-dire nos villes et le potentiel de demande qu’elles représentent, comme principaux leviers du développement y compris celui des zones rurales. De ces trois conditions dépendra le développement de nos économies locales qui pourront générer des ressources budgétaires à même de financer les besoins en biens et services publics décidés par les citoyens eux-mêmes là où ils vivent. L’état central s’occuperait de problèmes réellement communs à des citoyens solidaires mais autonomes. La paix en Casamance en découlerait automatiquement.
Des citoyens qui aspirent à l’autonomie et à la liberté, donc à l’indépendance, ne doivent pas s’attendre à ce que leurs besoins soient financés par des citoyens autres qu’eux-mêmes, nationaux ou étrangers. Ils doivent créer les conditions leur permettant d’être de véritables contribuables et mériter un personnel politique qui représente leurs intérêts. Les américains n’ont-ils pas dit «pas d’impôts sans représentation » son corollaire étant «pas de représentation sans impôts». Solidarité nationale et internationale oui, mais la dépendance ne permet pas une bonne représentation du citoyen. De ce fait, le système dans lequel notre pays est enfermé depuis 54 ans et dont l’équilibre dépend de l’extérieur n’a pas permis au citoyen sénégalais de réaliser son autonomie, un préalable à l’indépendance nationale.
La majorité des citoyens sénégalais sont dans une posture de main tendue vis-à-vis de l’état et de ses représentants alors que ça devrait être le contraire. Les dépenses publiques pour le service public ou pour accompagner des dynamiques de développement en cours se financent par une économie en marche. Les dépenses publiques ne financent pas la marche d’une économie de façon durable. Nous appelons donc les sénégalais à se réaliser et à s’autonomiser, ceci par l’accès au crédit privé, l’investissement privé, et le renforcement de leurs localités et de leurs élus locaux. La Société Fiduciaire d’Appui au Développement Local (www.sofadel.com) que nous nous apprêtons à lancer et que nous appelons les sénégalais, l’état, et les maires des grandes villes à soutenir les y aidera.
Elle a comme ambition d’exploiter l’urbanisation croissante de notre pays qui est une opportunité à saisir. Une opportunité, car les paiements que nous faisons tous les jours sont pour une bonne partie des paiements intra-communautaires entre nous dans nos villes du fait de l’urbanisation. Ces paiements n’ont pas besoin d’être effectués en FCFA. Ils peuvent se faire avec un autre moyen d’échange (billet ou électronique) que nous appelons une monnaie complémentaire et que vous voyez de plus en plus tous les jours sous forme de monnaie que vous achetez d’opérateurs de téléphonie mobile. Ce moyen d’échange permettra d’économiser vos FCFA (billets ou électroniques) non utilisés pour vos transactions entre vous dans votre ville dans un Fonds Commun d’Investissement et de Garantie (FONCIG) à vous et vos villes. Ce Fonds pourra ensuite être investi pour vous dans votre ville, faciliter votre accès au crédit en ce moyen d’échange, tout en garantissant sa convertibilité en FCFA au besoin. Prenez la destinée de votre argent et votre système financier en main. C’est à votre portée, il suffit de le vouloir. Les opérateurs de téléphonie mobile le font à votre place et pour leur compte.
Beaucoup a été dit sur le régime du FCFA et le problème de souveraineté que pose la garde d’une partie de nos réserves de change au trésor français, mais notre préoccupation va au-delà de ce problème qu’il faut bien sûr résoudre. En effet, il nous est possible d’éliminer le compte d’opérations et maintenir une monnaie commune de l’UEMOA sans la garantie de la France. Notre régime monétaire resterait le même et le Sénégal n’aurait toujours pas d’indépendance monétaire propre. Une monnaie commune au niveau de la CEDEAO laisserait également entier le problème de la dépendance monétaire du Sénégal.
Ce à quoi nous invitons nos compatriotes va au-delà de notre régime monétaire à reformer et se rapporte directement à leurs préoccupations de tous les jours. Prendre leur destin en main en accédant à des moyens financiers pour satisfaire leurs besoins et ceux de leurs communautés dans l’autonomie et la liberté car l’état ne peut pas tout faire.
Bonne fête de l’indépendance.
Dr. Abdourahmane SARR
Président du CEFDEL/MRLD