Rentrer le débat sur l’économie
Dans un rapport publié par le Centre d’études pour le financement du développement local (Cefdel), Dr Abdourahmane Sarr, économiste, appelle, de tous ses vœux, la classe politique à un débat économique. Ce rapport a, entre autres objectifs, d’expliquer les fondements économiques pour aider le citoyen en perspective du positionnement politique, pour les législatives de 2017 notamment, lit-on dans un communiqué.
Dans ce rapport intitulé « Sénégal Performances Economiques et Enjeux Politiques et Economiques », Dr Abdourahmane Sarr soutient que le développement des communautés de base d’Afrique est seulement possible dans le respect des valeurs d’autonomie, de liberté, de responsabilité et de libre solidarité.
Selon le document parvenu à notre rédaction, le Sénégal n’arrive pas à solutionner son défi de développement économique et social depuis son indépendance. Cela est d’autant plus surprenant que le Sénégal dispose « d’institutions solides et stables, une démocratie avancée, des ressources naturelles et humaines de qualité et une position géographique enviable », note le rapport. D’une tendance baissière dans la période 2002-2012, la croissance a changé de trajectoire sous Macky Sall, souligne le rapport. Il affirme, toutefois, que les communautés de base n’arrivent pas à satisfaire leurs besoins en biens et services privés à cause du chômage et du faible volume d’activités de leurs entreprises découlant d’un manque d’accès au crédit et de l’absence d’une demande (locale ou extérieure) suffisante pour leurs produits, relève le rapport. Le paradigme du Plan Sénégal émergent (Pse) peut, dès lors, constituer un modèle pour apporter une solution. «Notre arrimage sur l’euro est un handicap pour la transformation structurelle de l’économie sénégalaise et le progrès social par l’emploi car il nous confine à la seule politique budgétaire de l’état central et à ses interventions alors que ce dernier pèche à favoriser le développement », affirme l’économiste dans son rapport.
Réduire le niveau des investissements publics
Au vu de tout ce qui précède, il est d’avis «qu’il est temps, pour le Sénégal, de se donner une vision des politiques publiques ancré dans les valeurs de liberté, d’autonomie et de responsabilité des citoyens dans leur développement local ». Pour que cela réussisse, il préconise une réforme monétaire pour mobiliser l’épargne nationale et éviter que des facteurs externes comme les fluctuations de l’euro ne remettent pas en cause les efforts au détriment des nationaux, soutient le rapport.
La situation économique du Sénégal s’est améliorée depuis 2012, atteignant une moyenne de 4,7% par rapport à 3,8% lors de la décennie 2002-2011, souligne le texte. Selon Dr Abdourahmane Sarr, la poursuite de la réduction des dépenses publiques (gestion sobre et vertueuse) sera, toutefois, nécessaire pour réduire le déficit budgétaire dans la mesure où le niveau actuel des dépenses ne pourra pas être maintenu sans les recettes exceptionnelles. Néanmoins, une baisse des recettes exceptionnelles nécessitera une réduction du niveau des investissements publics pour poursuivre l’ajustement budgétaire, recommande le rapport. Au-delà de l’impact d’une réduction des recettes exceptionnelles, réduire le niveau des investissements publics devra faire partie des solutions car l’assiette fiscale, l’épargne nationale et la dette ne peuvent pas les supporter sans évincer le secteur privé. La taille de l’état semble effectivement peser sur le secteur privé. L’épargne nationale a diminué de 2,3% du Pib durant la période 2012-2015 en raison principalement d’une baisse de l’épargne privée intérieure de 3% du Pib atténuée par une amélioration de 0,7% du Pib de l’épargne publique, lit-on dans le rapport.
Dans ce contexte de déficit budgétaire non encore maîtrisé, dépendant de l’extérieur pour son financement, et une croissance insuffisante, la dette publique a poursuivi sa tendance haussière et principalement en devises. Selon le texte, elle est passée de 42,4% du Pib en 2012 à 56,9% environ en 2015. De ce fait, avec la dépréciation récente de l’euro par rapport au dollar et la composition du panier de devise de la dette publique dominée par le dollar, le coût en intérêt (en plus du service de la dette en dollars) a augmenté de manière significative.
Oumar BA